Agradecidísima a Miguel Ángel Real por haber traducido estos poemas al francés para la revista Le Capital des Mots. ¡Todo un honor!
DESCONCIERTO
Hombre astuto
que erró mucho tiempo…
Homero
Reconozco a veces mi vida en algunos sitios.
El café, un cigarro, una taza agradable.
Las Mezquitas me tuvieron dentro,
me perdí en las calles del Bazar.
En Nueva York tengo ropa en la tintorería,
veo caras conocidas en el barrio de Termini,
tratos familiares en Alexander Platz.
A veces, perfecta realidad. Otras, abismo.
Otras veces, sólo soy real en Cartagena.
Y esa sensación me asfixia.
DESARROI
Homme rusé
qui erra longtemps…
Homère
Je reconnais parfois ma vie dans certains endroits.
Le café, un cigare, une terrasse agréable.
Les Mosquées m’ont accueillie,
je me suis perdue dans les rues du Bazar.
A New York, j’ai du linge au pressing,
je vois des têtes connues dans le quartier de Termini,
des relations de famille à Alexander Platz.
Quelques fois, parfaite réalité. D’autres, abîme.
D’autres fois, je ne suis réelle qu’à Carthagène.
Et cette sensation m’étouffe.
***
¿Y SI NO TE ENCUENTRO ?
Justo en ese minuto
cuando nos escapamos
al mejor de los mundos posibles.
Gil de Biedma
Búscame en el salitre del mar sureño,
en la línea que separa de la tierra el cielo,
en los libros gastados de París
o en el ocaso rosa de Pest.
Búscame en la abstracción del tiempo,
en el merodeo de aquellas casas de oro,
en las sombras del almendro en flor.
Búscame en las manos asoladas de mi abuela,
en los sombreros de copa,
en las tumbas de un cementerio tunecino.
Búscame en las huellas de los perros
y en el relamer nocturno de Marruecos.
No me busques aquí.
No estoy.
ET SI JE NE TE TROUVE PAS ?
Juste en cette minute
quand nous nous échappons
au meilleur des mondes possibles
Gil de Biedma
Cherche-moi dans le salpêtre des mers du sud,
dans la ligne qui sépare la terre du ciel,
dans les livres usés de Paris
ou dans le couchant rose de Pest.
Cherche-moi dans l’abstraction du temps,
quand je rôde dans ces maisons d’or,
dans les ombres de l’amandier en fleur.
Cherche-moi dans les mains dévastées de ma grand-mère,
dans les hauts-de-forme,
dans les tombes d’un cimetière tunisien.
Cherche-moi dans les traces des chiens
et dans le régal nocturne du Maroc.
Ne me cherche pas ici.
Je n’y suis pas.
***
CASILLERO DEL DIABLO
Y luego, en otoño, el aire seco y vibrante,
cargado de áspera electricidad estática,
que inflama el cuerpo bajo la ropa liviana.
Durrell
La vida puede ser hermosa
con esos pequeños gestos mundanos,
o cuando escuchas un disco de los Dire Straits,
o con un paseo otoñal en esa mar nuestra
que nos vio nacer y nos nace siempre.
Con una boca carente de pudor y de soberbia
cuando muerdes la manzana podrida
del deseo,
y caes torbellino abajo
al fondo más oscuro de la mente,
donde hay unas bragas
y esperma y sangre y tú luces como nunca.
O con las viejas fotografías de mi abuela,
dichosa sobre su moto azul,
donde siempre me parece estar ahí,
retratándola.
Cuando esos crepúsculos
que no son ya rojos, sino dorados y eternos,
clavados para siempre en tu retina,
a fuego en Istanbul, en Buda tatuados.
Con el blanco y negro de algunos filmes,
el grito de ¡Marcello! en la Fontana
las risas de esas chicas que se abren al mundo.
La copa de vino que empapa tus venas,
el verso que arrastra y que araña,
que embruja –oh, sí, esas lecturas
de noches adolescentes-.
Con una conversación, quizá;
una cena en Roma bajo aquellas farolas
amarillas, como las de Pérgamo,
y ese cubata agrio que nos hizo reír en Atenas.
Pero luego,
¿qué hay detrás de todo aquello?
¿comprenderemos algo al final del trecho?
Somos objetos vacíos
que alguien guarda.
CASIER DU DIABLE
Et ensuite, en automne, l’air sec et vibrant,
chargé d’âpre électricité statique,
qui enflamme le corps sous la robe légère.
Durrell
La vie peut être belle
avec ces petits gestes mondains,
ou quand tu écoutes un disque de Dire Straits,
o avec une balade automnale dans cette mer à nous
qui nous vit et nous fait toujours naitre.
Avec une bouche dépourvue de pudeur et d’orgueil
quand tu mords la pomme pourrie
du désir,
et tu tombes en aval des tourbillons
au fond le plus sombre de l’esprit,
où il y a une culotte
et du sperme et du sang et tu brilles comme jamais.
Ou avec les vieilles photographies de ma grand-mère,
heureuse sur sa moto bleue,
où j’ai toujours l’impression d’être,
en lui faisant le portrait.
Quand ces crépuscules
qui ne sont plus rouges, mais dorés et éternels,
cloués pour toujours dans ta rétine,
au fer rouge à Istanbul, tatoués à Buda.
Avec le noir et blanc de certains films,
le cri de Marcello ! dans la Fontana
les rires de ces filles qui s’ouvrent au monde.
Le verre de vin qui trempe tes veines,
le vers qui entraîne et qui griffe,
qui ensorcèle –oh oui, ces lectures
de nuits adolescentes-.
Avec une conversation, peut être ;
un dîner à Rome sous ces lampadaires
jaunes, comme celles de Pergame,
et ce cocktail aigre qui nous fit rire à Athènes.
Mais ensuite,
qu’y a-t-il derrière tout cela ?
comprendrons-nous quelque chose au bout du chemin ?
Nous sommes des objets vides
que quelqu’un garde.
***
AUREA MEDIOCRITAS
Evocando el pasado y los días lejanos
lloraré.
Verlaine
Mi estado es cambiante
-por qué negarlo-,
mudado en aquella o esta circunstancia,
ocasión o lugar donde me halle.
Mi estado es adverso ante una falda,
ante un cigarro mal apagado
o esa laca barata que usas los lunes.
Es catatónico si pierdo en la batalla,
nublado algunas tardes soleadas,
brillante con alcohol y noches,
fálico si la prisa apremia,
si la ley impera descarado.
Voy de lo flexible a lo volcánico,
salvaje cuando hay gente,
pacífica si me entreno.
Evitando el punto intermedio,
alejándome siempre de lo mediocre.
AUREA MEDIOCRITAS
Je me souviens des jours anciens
et je pleure.
Verlaine
Mon état est changeant
-pourquoi le nier-,
mué en une quelconque circonstance,
occasion ou lieu où je me trouve.
Mon état est rétif devant une jupe,
face à un cigare mal éteint
ou devant cette laque bon marché que tu utilises le lundi.
Il est catatonique si je perds dans la bataille,
nuageux certains après-midi ensoleillés,
brillant avec l’alcool et les nuits,
phallique si l’envie me presse,
si la loi règne, effronté.
Je vais du flexible au volcanique,
sauvage quand il y a du monde,
pacifique si je m’entraîne.
En évitant le juste milieu,
en m’éloignant toujours du médiocre.
De “Verbos por dentelladas”
(RavensWood Books, 2016)
Publicado en Le Capital des Mots:
http://www.le-capital-des-mots.fr/2017/07/le-capital-des-mots-noelia-illan-conesa.html